HISTORIQUE/SITUATION
Situé au numéro 90 de l’avenue Léopold-Robert, à proximité de la gare de La Chaux-de-Fonds, l’immeuble remplace l’ancienne Boule d’Or, un cabaret populaire bien connu des générations chaux-de-fonnières plus anciennes. Ravagé par un incendie en 1965, le bâtiment d’origine n’a pas été restauré: ses propriétaires de l’époque ont opté pour une démolition complète, suivie d’une reconstruction dans un style résolument différent, suscitant des réactions contrastées au sein de la population. Le cabaret tirait son nom de la boule dorée qui ornait son toit. Si cet emblème a disparu, le nom, lui, a perduré.
PROGRAMME
Aujourd’hui propriété de la Caisse de pensions de la fonction publique du canton de Neuchâtel (CPCN), l’immeuble a fait l’objet d’une rénovation complète répondant aux critères actuels de durabilité et aux exigences d’exemplarité de son propriétaire institutionnel. Le bâtiment, qui s’élève sur dix étages, abrite vingt-quatre appartements, des bureaux au 1er étage et un restaurant au rez-de-chaussée. Si l’affectation des locaux n’a pas été modifiée, un important travail de rénovation a été entrepris sur l’ensemble, s’étendant sur deux ans et demi.
PROJET/CONCEPT
La CPCN a confié la rénovation au bureau Boris Evard Architectes SA, qui a fait le choix de préserver la typologie existante des logements, dans l’esprit de la devise: «maintenir et mettre en valeur plutôt que transformer et remplacer». Cette approche patrimoniale s’applique ici à un bâtiment des Trente Glorieuses, en parfaite cohérence avec les principes de durabilité. L’architecte a souhaité respecter l’esprit du projet originel imaginé en 1967 par Jean-Pierre Horni, qui s’inscrivait déjà dans une modernité influencée par Le Corbusier. Les bâtiments qu’il a conçus étaient en avance sur leur temps, et certains éléments de cette audace architecturale demeurent encore pertinents aujourd’hui.
RÉALISATION
Dans cette optique, un appartement du 7e étage, dont l’aménagement d’origine avait peu changé au fil des décennies, a été restauré dans le respect de ses composantes initiales. Les matériaux tels que la brique en terre cuite et le béton apparent y ont été conservés. De typologie traversante, comme tous les autres logements de 4.5 pièces, cet appartement s’ouvre au nord sur la rue de la Serre et son damier urbain, et au sud sur l’avenue Léopold-Robert, avec une loggia dotée d’une double peau mobile en verre et métal, destinée à atténuer nuisances sonores et luminosité excessive. Les autres appartements ont été rénovés avec la même volonté de respecter le travail initial de l’architecte. Lorsque les murs en béton et en briques n’avaient pas été enduits au fil du temps, ils ont simplement été repeints en blanc. Un grand nombre de portes intérieures pleine hauteur, caractéristiques du bâtiment, ont été conservées avec leurs poignées d’origine restaurées. La cage d’escalier a également pu être préservée dans son état d’origine, grâce à la qualité des bétons. Seuls les locaux sanitaires, trop exigus, ont été repensés. Sans modifier la disposition des chambres situées au nord, leur modularité a été revue pour en améliorer l’habitabilité. L’épaisseur gagnée grâce à l’isolation de façade a été intelligemment mise à profit.
TECHNIQUES
L’ensemble du bâtiment fonctionne désormais sans énergie fossile, grâce à deux pompes à chaleur et à des panneaux photovoltaïques en toiture, qui assurent la couverture des besoins énergétiques. L’enveloppe thermique a été entièrement repensée. Côté nord, la façade initiale, lisse, avec fenêtres affleurantes et stores intégrés au vitrage, a été préservée dans son esprit. Toutefois, pour atteindre de meilleures performances énergétiques, le béton a été recouvert d’une façade ventilée avec un revêtement en aluminium doré, en hommage à la Boule d’Or disparue.
AMÉNAGEMENTS EXTÉRIEURS
En raison de sa situation centrale et de l’occupation complète de la parcelle, aucun aménagement extérieur significatif n’a pu être réalisé, à l’exception d’une rampe d’accès PMR pour le restaurant situé en rez-de-chaussée.
DÉFIS
Le chantier a été mené durant la période COVID, ce qui a compliqué l’approvisionnement en matériaux et impacté les coûts. De plus, la tempête du 24 juillet 2023, qui a touché La Chaux-de-Fonds, a causé des dommages à plusieurs installations techniques en toiture, nécessitant des interventions supplémentaires.
POINTS FORTS
Restauré avec soin, dans le respect des intentions de Jean-Pierre Horni, l’immeuble de la CPCN a retrouvé tout son éclat après deux ans et demi de travaux. Il reprend pleinement sa vocation mixte et urbaine, au cœur de La Chaux-de-Fonds.