HISTORIQUE/SITUATION
Construit en 1613, le Couvent des Minimes présente une architecture monastique traditionnelle avec son église, son cloître et ses anciennes cellules. Situé dans un site classé, il a été rénové pour mettre en valeur son patrimoine tout en proposant aux clients de l’hôtel une expérience du luxe mêlant héritage et modernité. Chaque intervention a été pensée dans le respect de l’histoire du bâtiment et du lieu, avec une approche durable englobant la conception, la construction, la décoration et l’ameublement, afin d’inscrire ce projet dans une vision d’excellence et de pérennité.
PROGRAMME
Le projet initial visait la création d’un nouveau spa pour l’hôtel, avec une attention particulière à la durabilité. Après une analyse approfondie du site, les architectes ont élargi l’intervention à la rénovation et à la transformation du couvent, mettant en valeur son patrimoine historique à travers ses espaces, ses orientations, sa lumière et sa matérialité. L’ensemble du site a également bénéficié d’un aménagement paysager soigné. Le couvent rénové, d’une surface de 5’430 m2, comprend 49 suites dotées d’espaces généreux de 40 à 130 m2, deux restaurants et deux bars. Les chambres se déclinent en deux types : l’authentique, dans l’ancien couvent et la revisitée, plus contemporaine dans les nouvelles extensions qui accueillent également le spa. Le Spa L’OCCITANE, conçu sur 4’530 m2, offre cinq bassins, dix salles de massage, cinq espaces sensoriels, deux salles de relaxation, un bar, un espace fitness et une salle de séminaire.
PROJET/CONCEPT
Conçu dans un esprit d’écoute et de dialogue, le projet s’est appuyé sur un pragmatisme attentif aux spécificités du site et aux ressources disponibles. Chaque élément y raconte une histoire, chaque recoin révèle une intention soignée, célébrant l’héritage du bâtiment tout en offrant une expérience visuelle et émotionnelle en parfaite résonance avec le lieu. L’intégrité du site a été préservée et mise en valeur grâce à une réorganisation réfléchie des espaces. L’église, entièrement rénovée, devient l’entrée principale de l’hôtel. La circulation s’articule autour des patios, comme à l’époque monastique, et les anciennes cellules retrouvent naturellement leur fonction de chambres avec vue sur les jardins en terrasses. Le cloître conserve son déambulatoire d’origine, son bassin central diffusant sa fraîcheur au nouveau bar qui l’habite, tandis que les carrés de plantes aux quatre points cardinaux rendent hommage au premier botaniste du couvent, Louis Feuillée. Les restaurants ont été regroupés sur un même étage pour faciliter la manutention. Quant à l’extension du couvent, située hors de l’emprise historique, elle accueille des chambres contemporaines, qui racontent une nouvelle histoire.
Si la rénovation des bâtiments historiques s’inscrivait dans le respect du passé, les extensions et le spa ont été imaginés dans une approche résolument contemporaine, tout en préservant l’unité du site. Leurs toitures plates végétalisées et leurs formes géométriques épurées s’inspirent des restanques, ces jardins cultivés en terrasse qui sculptent le paysage. Cette disposition en escalier a également guidé la conception du spa, dont la succession de murs parallèles crée un jeu subtil entre intérieur et extérieur. Plus qu’un simple élément structurel, ces murs façonnent des ouvertures vers le paysage, créant un sentiment d’expansion tout en préservant l’intimité du lieu.
RÉALISATION
Le projet a accordé une attention particulière à l’environnement en limitant les nuisances au minimum. Les 10 km de réseaux sous les voiries ont été regroupés dans des tranchées communes, tandis que les éléments d’agencement et de structure ont été préfabriqués hors site, dont plus d’un kilomètre de prémurs en béton, fabriqués à 60 km du chantier. Le parement des façades a été réalisé en pierre sèche massive, taillée à la main. L’artisanat occupe une place centrale dans l’architecture d’intérieur du Couvent des Minimes, avec l’ambition de créer un hôtel à l’atmosphère chaleureuse « comme à la maison », privilégiant l’unique à l’uniforme. La lumière est magnifiée par des matériaux utilisés, tels que la chaux, l’or, l’ocre, les bois clairs et les teintes argileuses caractéristiques de la Provence. Qu’il s’agisse de meubles au paillage délicat, de céramiques solaires ou d’autres éléments, chaque objet sublime le caractère méditerranéen de l’espace tout en invitant le visiteur à vivre une expérience immersive. Le projet a également misé sur des peintures écologiques et la pose au sol de terre cuite réalisée par une entreprise reconnue « Entreprise du Patrimoine Vivant ».
TECHNIQUES
Grâce à l’utilisation de matériaux locaux et à une approche respectueuse de l’environnement, le projet a été récompensé par le label Bâtiment Durable Méditerranéen, qui garantit un niveau élevé de qualité énergétique et environnementale : niveau Bronze pour la rénovation et Argent pour la construction. Le spa est également le premier au monde à être certifié « établissement de bien-être durable » par la labellisation ECOCERT. Afin de limiter l’impact des circuits de chaleur et de refroidissement généralement très gourmands en énergie dans l’hôtellerie de luxe, des solutions de géothermie ont été déployées avec 43 puits situés à 150 m de profondeur.
MESURES PARTICULIÈRES
Un travail minutieux a été mené pour restituer l’essence du bâtiment historique, en éliminant les transformations accumulées au fil du dernier siècle. Pendant plus d’un an, une équipe pluridisciplinaire d’architectes, d’archéologues et de restaurateurs a étudié, restauré et mis en valeur les qualités intrinsèques du couvent. La réhabilitation a nécessité un programme ambitieux de conservation-restauration, afin de faciliter le dialogue entre le projet contemporain et l’ancien corps bâti du couvent. Le travail réalisé en amont du chantier de rénovation a permis de mettre au jour une fresque d’une Vierge à l’Enfant d’une exceptionnelle finesse.
AMÉNAGEMENTS EXTÉRIEURS
Plutôt que de suivre les codes traditionnels du jardin décoratif, le projet met en scène une géographie, un terroir et des savoir-faire locaux, offrant une expérience immersive où les espaces et les cheminements guident naturellement les visiteurs. Dans cette région où l’eau est une ressource rare, les jardins secs ont été privilégiés, intégrant plus de 11’000 nouveaux végétaux peu gourmands en arrosage. Quatre univers distincts ont ainsi été créés : le jardin des parfums, des plantes aromatiques, des plantes médicinales et des bouquets.
DÉFIS
Avec des délais serrés et un chantier mené en plusieurs phases, la coordination a été un enjeu majeur. Après une année de conception et de conservation-restauration, les travaux se sont déroulés en deux étapes : la première, dédiée à la rénovation du bâtiment historique, puis la création du parking et de la piscine ; la seconde, axée sur la construction des extensions et du spa. Un défi d’envergure, la seconde phase ayant été réalisée alors que l’hôtel accueillait déjà ses premiers visiteurs.
POINTS FORTS
Ce projet se distingue par son souci du détail et son respect du patri - moine bâti. L’utilisation de matériaux locaux et le recours à des artisans et artistes de la région renforcent son ancrage territorial. L’engage - ment environnemental est omniprésent, avec des matériaux issus de ressources locales, des procédés de fabrication responsables et l’intégration de prémurs en béton bas carbone. Son architecture intemporelle et authentique s’inscrit dans une démarche de préservation et de valorisation du site. Récompensé par le label Bâtiment Durable Méditerranéen et premier spa au monde certifié ECOCERT en tant qu’«établissement de bien-être durable», le Couvent des Minimes affirme une vision d’excellence et d’innovation durable.
RÉSULTATS ET IMPACT
La restauration du patrimoine bâti et de son histoire redonne vie au site, tandis que sa mise en valeur attire davantage de visiteurs, contribuant ainsi au dynamisme économique de l’arrière-pays provençal.