Logements

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Genève

HISTORIQUE/SITUATION

Habité dès le XVIIIe siècle, le domaine de La Grande-Paumière est acquis en 1834 par des philanthropes genevois qui y fondent l’École rurale des jeunes filles de Villette, future Institution La Pommière, destinée à loger et former des orphelines aux travaux de campagne. Aujourd’hui, la Fondation officielle de la Jeunesse (FOJ), locataire du site, y poursuit une mission éducative. Classé en 1993 comme objet architectural d’exception, le domaine est protégé par un plan de site. Face à la pénurie de logements à Genève, en particulier pour les jeunes en difficulté, la FOJ répond à une demande de La Pommière: développer une offre mixte pour des mineurs en voie d’autonomie et des jeunes majeurs nécessitant un encadrement léger.

PROGRAMME

Le projet prévoit 30 chambres individuelles avec douche, dont 20 équipées d’une cuisinette, réparties dans quatre pavillons. Une cuisine collective avec réfectoire et petit salon accueille jusqu’à 20 personnes.

Un bureau de 20 m2 offre quatre postes de travail, partagés entre professeurs et jeunes. Le programme comprend également une salle polyvalente, des sanitaires communs, une buanderie, un local de conciergerie, un espace de rangement, 30 caves individuelles et des locaux techniques. Trois des pavillons comptent deux niveaux, le dernier en compte trois. Des places extérieures sont prévues pour les deux-roues motorisés et les vélos. Le projet accompagne les jeunes dans leur cheminement vers l’autonomie à travers trois types de logements : 10 chambres pour mineurs placés, dès 16 ans, avec un encadrement éducatif renforcé ; 10 studios pour jeunes de 18 à 25 ans avec un suivi léger ; et 10 studios pour jeunes adultes en formation, avec un accompagnement individualisé.

PROJET/CONCEPT

La réflexion du bureau de Planta & Associés Architectes SA part de l’idée du « chez soi », en distinguant loger et habiter. Habiter, c’est pouvoir s’isoler, se retrouver, partager, évoluer – seul ou à plusieurs : telle est l’une des lignes directrices ayant guidé la conception de ces logements. Ces besoins dessinent des lieux d’appropriation allant au-delà de la simple chambre. Les espaces communs (salon, cuisine, salle d’étude) participent pleinement à cette expérience. Le projet se compose de quatre pavillons hexagonaux, semblant répartis de façon aléatoire en limite de parcelle et reliés par une coursive ouverte sur le parc. Chaque pavillon, bénéficiant d’un beau dégagement visuel, possède sa propre cage d’escalier et de paliers généreux, conçus comme lieux de rencontre et desservant quatre chambres ou studios par étage. Ce système pavillonnaire favorise l’intégration dans un site protégé en réduisant l’impact sur le voisinage.

RÉALISATION

Le bois s’est imposé comme matériau principal, aussi bien en structure qu’en façade. Hormis les noyaux des verticalités et les radiers en béton armé, l’ensemble de la construction a été réalisé en bois, avec une attention particulière portée à l’isolation thermique et acoustique. Les façades sont revêtues de lames verticales en bois ajouré, traité pour développer une patine naturelle, renforçant ainsi l’intégration dans le site. Les planchers et toitures, en panneaux bois lamellés-croisés offrent une finition soignée. À l’intérieur, les matériaux choisis misent sur la durabilité et la simplicité d’entretien : résine dans les espaces communs, linoléum dans les chambres, carrelage dans les pièces humides. Les faux-plafonds acoustiques, les agencements et les équipements (ascenseur, garde-corps, cuisines) contribuent à un cadre de vie à la fois fonctionnel, sobre et chaleureux.

TECHNIQUES

Le projet atteint le standard THPE (Très Haute Performance Energétique), avec un faible besoin en chauffage. La chaleur est fournie par le réseau à distance de Conches, alimenté à 80% en pellets. Un chauffage au sol basse température assure un confort optimal. La moitié de l’eau chaude est produite par des panneaux solaires thermiques, complétés par le chauffage à distance. Des panneaux photovoltaïques suisses couvrent une partie des besoins en électricité. Enfin, la gestion des eaux limite l’impact sur le réseau public grâce à des toitures végétalisées et des systèmes d’infiltration.

MESURES PARTICULIÈRES

Le chantier a permis de dépolluer le site, touché par de faibles traces de métaux lourds et de carbone organique liés à l’ancienne activité agricole. Un suivi racinaire des arbres a été réalisé par un spécialiste, tandis qu’un écologue s’est chargé du tri des déchets de chantier, de la gestion des terres excavées et de l’analyse des sols et de l’eau. La mise aux normes des installations techniques et le désamiantage de la chaufferie ont renforcé la sécurité et l’efficacité énergétique.

AMÉNAGEMENTS EXTÉRIEURS

Les aménagements extérieurs valorisent le patrimoine bâti et végétal du site. Des espaces didactiques ont été créés autour de l’histoire parcellaire, des cultures potagères et fruitières, ainsi que du rucher existant. Les grandes zones ouvertes du parc ont été préservées pour les loisirs : détente, jeux, terrain de football et éventuel futur développement de pavillons. Un cheminement en revêtement perméable traverse le parc et se prolonge parfois simplement par une tonte dans le gazon fleuri. La végétation a été complétée par des essences indigènes. Une friche à vocation florale a été installée en lisière et sous les arbres. L’accès pompiers en gravier-gazon limite son impact visuel, tandis que les matériaux choisis favorisent l’infiltration naturelle des eaux pluviales.

DÉFIS

Le chantier a dû composer avec une forte pluviométrie, problématique pour une construction bois. L’accès au site, partagé avec un foyer, a exigé une logistique rigoureuse : créneaux de livraison précis, coordination avec les éducateurs, sécurité renforcée. Une communication étroite avec les enfants et les responsables a été essentielle tout au long du projet.

POINTS FORTS

Suite au choix du bois, le maître d’ouvrage a confié la réalisation à une entreprise générale spécialisée, optimisant ainsi l’usage de bois issu de scieries locales. L’utilisation du béton a été limitée aux noyaux de contreventement et aux socles, pour un impact carbone réduit. L’isolation en laine de bois améliore le confort d’été. Les menuiseries métallo-bois à triple vitrage, fabriquées en interne, garantissent performance environnementale et durabilité. Le bardage pré-grisé assure une évolution maîtrisée du bois dans le temps.