HISTORIQUE/SITUATION
En 1857, le Grand Conseil approuve la construction d’un temple maçonnique sur un terrain concédé par l’État, dans l’actuel quartier de Plainpalais. Bâti en 1858 dans un style grec, Le Temple Unique est ensuite transformé en café. Puis en lieu pour l’Internationale ouvrière, avant d’être acquis par les catholiques en 1873 pour devenir l’Église du Sacré-Cœur. L’Église a subi plusieurs transformations, notamment en 1939 avec l’extension appelée «La Cure», en 1967 dans le lieu de culte et en 2010 avec les façades. Cette Église devient une maison d’Église avec l’arrivée en 1958 de la Communauté Hispanophone de Langue Espagnole. Malgré la dynamique de cette communauté, le bâtiment n’est pas exploité totalement. L’incendie du 18 juillet 2018, bien que catastrophique, a permis une remise en cause des espaces et une réflexion sur le devenir du bâtiment. Nous avons donc cherché à redonner du sens et de la vie à ce bâtiment en plein Genève, afin qu’il devienne un lieu qui attire et qui vit.
PROGRAMME
Le bâtiment a vécu 150 ans. À l’instar de nos prédécesseurs, nous voulons le projeter dans l’avenir. Cette Église devient un bâtiment multiusages permettant de rassembler l’ensemble de la communauté catholique de Suisse Romande. Mais également, et toujours dans l’esprit du rassemblement, des espaces dédiés aux bureaux de l’Église Catholique Romaine, à un restaurant, à une salle des fêtes, à des salles de conférences, ainsi qu’à des espaces dédiés aux expositions et manifestations culturelles. Le lieu de culte reste bien évidemment au centre du bâtiment, mais réaménagé en Vatican II par l’intermédiaire de l’architecte Jean-Marie Duthilleul. Le lieu de culte est modernisé avec un axe sacramental Plainpalais-vieille-ville sur lequel on retrouve l’orgue, le baptistère, l’ambon, l’autel, le lutrin, le tabernacle et enfin la croix surélevée. Les bancs sont donc placés en vis-à-vis et le prêtre officie au centre de l’assemblée. L’Église est également un lieu de pèlerinage, de déambulation et d’initiation, grâce aux travées latérales situé de part et d’autre de la nef. Un nouvel orgue sera installé en 2026.
PROJET/CONCEPT
Le projet vise à revitaliser le bâtiment en le transformant en un espace dynamique et attractif. La lumière devient l’élément central et est mise en valeur par deux axes : l’axe terrestre entre Plainpalais et le Conservatoire, et l’axe céleste avec la verrière et les planchers vitrés à tous les niveaux. La lumière est omniprésente et apporte un excellent confort d’utilisation dans tous les espaces. Cette Église doit vivre non seulement pendant les messes, mais également toute la semaine. Elle doit bien entendu être lieu pour les communautés catholiques, mais également accueillir les laïques. Le fait d’y apporter des bureaux, un restaurant et des salles à dispositions des genevoises et des genevois, prend tout son sens et comble les intervalles. La diversité des activités assure une vie permanente. Que ce soit à travers le caractère religieux ou non.
RÉALISATION
Il s’agit d’un bâtiment sur deux époques : 1850 et 1940. Deux chantiers de gros-œuvre, la cure avec la démolition et reconstruction complète de façon traditionnelle en conservant uniquement les façades et la cage d’escaliers, et le renforcement et reconstruction du Temple Unique selon les exigences des autorités. Pour cette deuxième partie, les planchers bois conservés ont été révisés et les nouveaux planchers ont été réalisés en charpente métallique. Des chapes sèches ont ensuite permis d’assurer le confort acoustique. Les façades sont de natures multiples. Les enduits ont été purgés et refais à l’identique. La Façade Plainpalais a été intégralement ravalée afin de la mettre en valeur. Les menuiseries extérieures ont été conservées, les battues doublées pour le double vitrage. La toiture qui avait totalement disparu lors de l’incendie est composé de caissons remplis de ouate de cellulose posés sur des arbalétriers en métal. La couverture a été réalisée en ardoise comme originellement. La verrière est équipée de verres SageGlass qui se teinte selon la luminosité ambiante. Les revêtements intérieures ont été choisis selon le type de local afin d’être les plus durables possibles: marbre, Coretec & Moquette, Carrelage et Parquet. Les installations techniques sont entièrement nouvelles avec l’installation d’une PAC et de monoblocs double-flux. Certaines conduites ont été passées en sous-œuvre afin de ne pas intervenir sur les parcelles privées de la Ville de Genève.
AMÉNAGEMENTS EXTÉRIEURS
Les aménagements extérieurs de l’ Église du Sacré-Cœur et sa relation avec la ville sont marqués par sa position centrale dans l’espace urbain. Le bâtiment entretient un dialogue direct avec la petite place du Grütli au nord. Une bande d’enrobé bitumineux entoure l’édifice, complétée par une bande verte plantée, servant de filtre visuel et sonore face à la route. Cette bande est interrompue par des zones asphaltées dédiées au stationnement.
DÉFIS
Intervenir sur un monument historique classé, qui est également un lieu religieux, est toujours un défi complexe. Un soin particulier a été apporté au respect de l’intégrité architecturale tout en préservant la signification spirituelle du site. Les travaux ont concilié la conservation des éléments patrimoniaux avec les exigences modernes, en utilisant des matériaux et des techniques appropriés.
POINTS FORTS
La revitalisation de l’ Église du Sacré-Cœur, symbole du catholicisme à Genève, s’inscrit dans une approche novatrice alliant protection du patrimoine historique et innovation. Cette démarche a permis de préserver non seulement la structure physique de l’édifice, mais aussi son esprit en tant que lieu central de la communauté genevoise. L’ Église, espace de culte vivant et lieu de convivialité, favorise une interaction continue tout au long de la semaine, renforçant ainsi son rôle de point de rassemblement accessible à tous.